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ENFANCE, CULTURE, MUSIQUE & PEDAGOGIE

Expériences pédagogiques


Nos archives

Numéro 1 : Poésie, musique et arts plastiques / 06-2023

Numéro 2 : Le chant prénatal / 07-2023

Numéro 3 : Les techniques corporelles pour les musiciens / 08-2023

Numéro 4 : Focus sur le Créa,
Centre de création vocale et scénique d’Aulnay-sous-bois / 09-2023

Numéro 5 11 23 : Musique, arts et handicap

Numéro 6 : Focus autour de l’édition jeunesse / 01-2024

Numéro 7 : Les femmes et la musique

Numéro 8 : Le conte dans toute sa diversité


La musicienne Nadine Collin,
créatrice et interprète du conte «Le voyage de Plume à travers le monde»,
nous raconte la genèse de ce projet.

Entretien réalisé par Cristina Agosti-Gherban

Bonjour Nadine
Tu es musicienne, pianiste, chanteuse, tu composes des chansons et tu es aussi intervenante musicienne en crèche ainsi qu’auprès des publics en situation de handicap (enfants et adultes).
Comment t’es venue l’idée de faire ce conte musical ?

Bonjour Cristina !
A vrai dire l’idée de ce conte est arrivée tout naturellement et tout à fait par hasard.
C’est d’abord le fruit d’une rencontre. Pendant un spectacle de fin d’année que je jouais en crèche avec une amie violoncelliste, j’ai rencontré la maman d’un petit qui était productrice de musique (EGT Music) et qui a été ravie du tour du monde que nous avions chanté. Elle voulait faire naître un projet de chansons du monde, avec des chansons peu connues et peu enregistrées dans leur intégralité (avec les paroles traditionnelles comme le titre « ‘Hashivenu »).

Et puis, face à la réaction des tout-petits devant les différentes sonorités, leur attention, leur curiosité, nous nous sommes dit que nous tenions une belle opportunité.

J’ai toujours été animée par le bonheur d’ouvrir l’enfant au monde dès son plus jeune âge et de lui faire découvrir les différentes sonorités. Un bébé est capable d’entendre toutes les langues et c’est une manière d’éduquer son oreille ou d’y laisser tout du moins une empreinte aussi infime soit-elle.

Lorsque je travaille en crèche ou en Relais d’assistantes maternelles (RAM), à chaque début de séance musicale, je commence toujours par une écoute musicale peu connue, mais qui se réfère au thème abordé ou au pays que nous traversons, et pendant l’écoute je fais toujours la « danse de la plume », une grande plume blanche qui m’accompagne depuis des années, et qui symbolise la douceur, l’innocence, et la liberté aussi. Il m’a paru tout naturel que cette plume soit l’actrice principale de ce conte.

Et puis, pour les plus grands, les frères et sœurs, les parents, je voulais, à travers ce conte, faire connaître les différents instruments qu’on utilise dans les pays ; il semblait important de faire découvrir les sonorités en utilisant autant que faire se peut les instruments traditionnels de chaque pays et de chanter dans la langue même du pays quand c’était possible. Faire découvrir la balalaïka pour la Russie ou le bodhrán pour l’Irlande, mais toujours en donnant quelques explications sur l’origine, de manière ludique, pédagogique, pour susciter la curiosité de tous finalement.

J’y ai ensuite ajouté mes expériences de voyage car je suis une grande voyageuse dans l’âme, ainsi que mes rencontres autour du monde, les odeurs et les sons qui m’avaient interpellés (en Inde notamment).

Le Voyage de Plume à travers le monde était né.

Tu as fait des recherches en ethnomusicologie et t’intéresses aux musiques du monde. Ceci se voit dans ce voyage autour du monde, dans lequel tu fais écouter des instruments des pays visités. J’imagine que tu ne joues pas de tous les instruments du conte. Comment as-tu fait pour les introduire dans l’histoire ?

J’ai effectivement fait beaucoup de recherches et fouillé les archives, cela me passionne, étant d’un naturel très curieux. Retrouver des partitions, « Hashivenu » notamment, enfoui au fond de ma mémoire car je la chantais petite et faire des recherches dans les archives pour dénicher la partition introuvable aussi, ça c’est du bonheur.

J’ai un instrumentarium assez complet et varié. J’avais déjà des bodhrán irlandais, des flûtes tin whistle pour représenter l’Irlande, des castagnettes pour représenter l’Espagne par exemple, mais effectivement je ne possède pas tous les instruments loin de là ! Pendant l’enregistrement des chansons, nous avons travaillé avec un ingénieur du son, Grégoire, qui a fait un travail exceptionnel de recherche sonore en recoupant les instruments en live avec des banques de données sonores.

C’est lui véritablement qui a introduit les instruments typiques des pays ou les bruits de fond de ville, de savane, pendant le récitatif du conte, pour vraiment se mettre en immersion quand on écoute et que ça reste fluide et cohérent avec l’idée des chansons et du conte dans sa globalité.

J’ai chanté toutes les chansons de l’album, y compris les chœurs que l’on a superposés, et j’ai joué au piano sur toutes les parties clavier de l’album. Pour un rendu plus pur, nous avons fait appel à des musiciens professionnels : un guitariste, pour enregistrer toutes les parties guitares (la chanson espagnole ou les accompagnements sur les autres chansons) et une violoncelliste pour « Bébé lune » ou la chanson finale si belle et pure « Hashivenu ».

Comment racontes-tu cette histoire dans les crèches et autres lieux de vie, étant toute seule ? Amènes-tu les instruments, fais-tu écouter des enregistrements ?

En fait nous pouvons faire découvrir l’histoire aux enfants selon moi de trois façons différentes.

Dans la première, qui est celle que j’utilise le plus couramment, avec ma plume blanche et mon appeau du vent, nous partons de pays en pays au gré du conte. Je présente le pays (je refais le récitatif du conte en live) et nous écoutons l’extrait. Nous pouvons faire une écoute entière du conte et présenter les instruments utilisés pour les pays, soit grâce aux instruments que j’amène et que je présente moi-même: pour l’Irlande, le bodhrán et le tin whistle, pour l’Espagne la guitare et mes castagnettes, pour représenter l’Afrique je présente calebasses, balafon ou kalimba, pour l’Amérique du Sud le tambourin, la cuiica, le caxixi..

A chaque fois je présente, aussi pour les enfants plus grands, l’origine de l’instrument de façon ludique au travers d’anecdotes par exemple.

Pour les instruments que je n’ai pas avec moi (le sitar, le koto japonais etc…) je présente toujours des photos et leur fait une écoute sonore « pure » de l’instrument pour un meilleur rendu et pour avoir ensuite une oreille prête pour l’écoute de cet instrument dans le conte.

La seconde manière est d’utiliser le conte tel qu’il est présenté et d’aller directement écouter les chansons et ne pas écouter la partie conte à proprement parler. On se concentre donc uniquement sur les chansons.

Enfin, en famille, avec les parents, ou frère et sœur, l’écoute du conte peut être un moment ludique et convivial ; il peut être l’occasion de petits quiz musicaux (faire deviner l’instrument de la chanson ou le pays lié à la chanson par la sonorité ou la signification de la chanson etc…)

J’ai testé ... Ce sont de jolis moments rigolos en famille aussi ou en maternelle pour les plus grands.

Quelles sont les réactions des enfants ? Touches tu d’autres public ?

Les enfants sont curieux, attentifs pendant l’écoute, mais ont besoin d’interaction avec des instruments à manipuler (d’où l’instrumentarium varié). Ils jouent, remuent, pour certains tapent des mains et bougent en rythme. Les sonorités étranges comme les tonalités modales de l’Inde intriguent et au début ils sont un peu interdits. En tous cas, il y a des sourires et un accueil global très positifs pour tous, puisque cette histoire n’est pas destinée qu’aux tout-petits, mais aussi aux plus grands et aux parents qui apprennent des choses. Tout le monde est gagnant !

Je travaille aussi en Ephad et en maison médicalisée pour personnes âgées et je m’inspire de ce conte et du travail sur les instruments et leur origine pour toucher un public plus large lors de mes conférences musicales. Ils sont très contents et enthousiastes de découvrir des sonorités inconnues pour eux et de s’ouvrir au monde, une façon de continuer pour eux de voyager dans des contrées lointaines …

Que peut-on te souhaiter pour la suite ? Envisages-tu de faire un spectacle à partir de ce conte ?

L’émerveillement constant que peut montrer l’enfant, l’innocence face au monde, la nouveauté et la pureté face aux sons qu’on leur présente. Toujours, toujours s’émerveiller d’un arbre, d’un oiseau, d’un sourire, d’un rien, sourire à la vie et rester ainsi, c’est important.

La joie partagée encore et toujours avec les enfants, les adultes. Continuer de vivre les choses extraordinaires qui se passent avec la musique, quand on voit un enfant s’ouvrir, s’illuminer, sourire à sa maman, faire rire un enfant en souffrance constante, c’est ça le pouvoir de la musique. Le vivre encore et toujours.

Beaucoup de succès avec cet album pour pouvoir, pourquoi pas, envisager un spectacle autour du monde par la suite… l’avenir nous le dira !

Je te remercie pour ce témoignage.

Le conte est accessible sans pub (sauf Youtube) sur toutes les plateformes de téléchargement sur le lien suivant:

LevoyagedePlumeatraversleMonde

Charlotte Molas, illustration de la couveture.


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Numéro 1 : Poésie, musique et arts plastiques / 06-2023

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Numéro 5 11 23 : Musique, arts et handicap

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