Entre et assieds-toi, Xavier Ferrand piano, Damien Alibert chant
Deux artistes, un piano, un chant, et un hommage audacieux à Boby Lapointe. "Entre et assieds-toi", c'est avant tout une rencontre : celle de Xavier Ferrand, pianiste virtuose, et Damien Alibert, chanteur à la verve acrobatique. Ensemble, ils s'approprient avec une énergie détonante le répertoire de Lapointe pour en faire un spectacle à la croisée des genres : théâtral, clownesque et follement musical.
Dès les premières notes, le ton est donné. Damien Alibert, qui n'était pas censé faire de concert, s'impose et exige l’ouverture du Concerto n°5 de Beethoven, pris à contrepied par un Xavier Ferrand emporté malgré lui dans ce jeu burlesque.
Le récital se mue progressivement en un tour de chant où le pianiste, d’abord réticent, finit par accompagner avec délectation les facéties de son comparse. Le contraste est saisissant entre ces deux univers : d’un côté, un pianiste urbain, presque parisien, et de l’autre, un clown débridé, imprégné des accents rocailleux du Larzac.
Mais au-delà du comique et de la performance technique, "Entre et assieds-toi" révèle une émotion subtile, cachée derrière la virtuosité des textes de Boby Lapointe
"Entre et assieds-toi" est bien plus qu’un hommage : c’est une réinvention joyeusement irrévérencieuse du répertoire de Lapointe, un dialogue entre musique et théâtre, entre émotion et folie. Une performance à ne pas manquer, accessible dès 10 ans, et qui promet autant de rires que de frissons. Un duo hors norme pour un spectacle inoubliable !
Prochaines dates :
• Samedi 5 avril à 17h : 10 rue de Clichy, Paris 9 Hôtel Vandel,
• Fin juin: date à fixer , représentation « entre assieds-toi » en mode de répétition générale, théâtre à trouver proche d’Avignon, Tarascon Beaucaire, au théâtre Rondelé à Montpellier.
• Mercredi 16 juillet 2025 au samedi 26 juillet 2025 : 1ère représentation « entre assieds-toi ». 10 représentations sont programmées durant la période du festival
Les minimots, par Minibus
Tout public dès 3 ans
Le groupe Minibus, dont nous aimons le travail depuis longtemps et qui raconte sa passionnante expérience dans un de nos numéros,
(voir cet article)
nous charme à nouveau avec son dernier spectacle, tiré du CD du même nom.
Les chansons, créés avec des enfants dans des ateliers d’écriture, mises en musique avec une grande créativité, deviennent le support d’un spectacle de toute beauté.
Les trois amis déploient une incroyable énergie qu’ils transmettent au public qui, petits et grands, réagit au quart de tour.
À certains moments, une grande douceur émane de la mise en scène, avec une lune magique servant de toile aux jeux d’ombres, avant que le spectacle ne gagne en intensité.
Les enfants dansent et même les «quatre pattistes » se relèvent presque sur leurs jambes, dans un irrésistible envie de mouvement.
« Polo » Pierre Lamy : Guitare, ukulélé, flûte, chant |
« Gaya » Anne-Gaëlle Huot : Ukulélé basse, chant |
Bertrand Noël : Batterie électronique, percussions, guitare
Nous l'avions adoré il y a quelques années avec Ponpon, et il revient avec un nouveau spectacle, toujours aussi inventif, où les mots occupent une place centrale et sortent des sentiers battus.
L’histoire de la piraterie évoque rarement les femmes pirates, et encore moins les enfants. Pourtant, il devait bien y en avoir à bord... Partant de ce constat, le propos devient hautement subversif, explorant la notion de mutinerie et culminant avec les enfants qui prennent le pouvoir.
Emmanuel Bémer, auteur du texte et de la musique, brille également en tant que chanteur et comédien.
Il est accompagné de musiciens tout aussi talentueux : Meriem Rezik, époustouflante à la batterie, fait preuve d’une grande virtuosité,
mais aussi d’imagination et de finesse et son comparse Jean-Michel Pohnnet enchante avec sa guitare, capable de transmettre toutes les émotions.
Le public, conquis, a été sollicité tout au long du spectacle et a même chanté une musique de fantômes.
Un très beau spectacle accessible dès 8 ans, à ne pas manquer !
À noter : le spectacle existe aussi en CD, que nous chroniquons sur notre site - voir la chronique
La compagnie Métaphore signe cet opéra « marionnettique », inspiré du poème de Goethe et de la musique de Dukas.
C’est un très beau spectacle, avec de superbes marionnettes portées, et qui raconte les aventures d’un jeune garçon, Léonard, qui veut devenir magicien. Dans la forêt il rencontre Puck le lutin, Ariel la fée, et Merlin l’enchanteur qui le prend comme apprenti. Mais ce n’est pas un apprenti de tout repos, multipliant les maladresses jusqu’à mettre sa vie en danger. Il sera sauvé de la noyade par Merlin, et prendra conscience que l’on ne peut pas utiliser la magie si l’on n’en possède pas une connaissance approfondie. Mais tout est bien qui finit bien et l’histoire s’achève avec sa nomination de magicien.
Le spectacle est porté par une superbe musique, réécrite par Théo Cassio à partir de celle de Dukas, pour instruments anciens, et nous regrettons de ne pas pu assister à la version avec instruments « in live », ce qui n’enlève pas le fait que le spectacle fonctionne très bien avec l’enregistrement.
La mise en scène Philippe Calmon est très ingénieuse et créative.
C’est un très beau spectacle à voir en famille, dès l’âge de 5 ans, jusqu’au 11 mai 2025
Marionnettistes : Eveline Houssin, Philippe Calmon et Tom Bouchardon Le quatuor baroque : Cécile Chartrain (hautbois), Cibeles Bullón Muñoz (violon), Maxime Calmon (violoncelle), Elodie Brzustowski (archiluth)
Mercredi et samedi à 14h30, dimanche à 14h.
Pendant les vacances scolaires, les représentations sont prévues du mardi au samedi à 14h30, les dimanches à 14h.
Le Lucernaire , 53 rue Notre-Dame des Champs, 75006 Paris
lucernaire
Clarté est l’histoire d’une petite ampoule qui rêve de devenir une étoile.
Mais ce n’est pas simple, et elle doit affronter d’abord papa et maman ampoules, qui ne sont pas du tout d’accord, ensuite la maîtresse, étonnée qu’elle veuille faire de la danse, le professeur de danse quand elle annonce qu’elle veut devenir danseuse étoile…
Dans son périple elle rencontre un « conteur électrique », une voyante, et le choc final est sa rencontre avec la lune, la terre et un feu de signalisation, tous hostiles à sa transformation, le feu étant rouge d’indignation.
Mais en fin de compte la voie lactée fait comprendre à tous qu’elle pourra être une étoile, à condition de ne pas faire de l’ombre aux autres.
Cette histoire poétique se déroule dans une ambiance féerique. Sur scène il y a un castelet lumineux composé d’une multitude d’ampoules, entouré des deux musiciens. L’un d’entre eux manipule des cordes qui font bouger certains personnages, dans une ambiance qui devient de plus en plus magique, avec des étoiles qui envahissent peu à peu la salle, pour le plus grand émerveillement du public.
Les deux artistes jouent de plusieurs instruments, acoustiques et électroniques, dont certains étonnants comme le thérémine et un petit célesta , très ancien, qui a été construit par l’inventeur, nous expliquent-ils à la fin.
Le texte est très doux, avec des doubles sens dont les parents seront sensibles.
Ce fut un très beau voyage parmi les étoiles.
Dans la rue j’ai croisé des enfants qui venaient du spectacle. « C’était trop magique ! »
David Monceau : guitare, thérémine, dulcitone, machines et manipulations d’objets
David Euveurte : claviers, synthétiseurs et célesta
Le dernier voyage du docteur Korczak, par la compagnie Papillon noir théâtre
(dès 8 ans)
Dans l’espace Janusz Korczak d’Issy-les-Moulineaux, nous avons assisté à ce magnifique spectacle, dans le cadre du cycle « Mémoire et citoyenneté » dont nous parlons aussi dans les expériences pédagogiques.
Inspirée du livre d’Irène Cohen-Janca « Le dernier voyage », il raconte l’histoire de ce grand homme dont nous retraçons le parcours dans l’interview du président et vice-président de l’association Korczak.
Dans une mise en scène fort intelligente et sensible d’Alexandre Serrano, qui signe aussi l’adaptation théâtrale, il nous est donné à voir le comédien qui, face à une table lumineuse dessine, créé des images et des sujets, projetés en direct sur un grand écran.
Nous pouvons revivre ainsi la vie de ces orphelins dans le ghetto de Varsovie, sous la protection du docteur Korczak, jusqu’à leur fin tragique dans le camp de Treblinka.
Ce « théâtre d’objets et d’ombres » dans lequel s’insèrent de temps à autre des projections de films d’époque, fait voir, évoque, nous touche, tout en réussissant à créer une distance.
Le comédien Charli Venturini est sobre et émouvant à la fois, dans un rôle loin d’être facile.
L’univers graphique proposé par Alice Serrano est d’une grande finesse et sensibilité.
De nombreux enfants assistaient à ce spectacle, et leur écoute attentive faisait plaisir à voir.
Ecoute qui s’est reflétée aussi dans les questions posées à la fin.
Plusieurs de ces enfants font partie de l’atelier de théâtre qui a lieu dans cet espace.
Une belle initiative pour faire connaître l’œuvre de ce grand médecin pédagogue, dont la pensée a servi pour l’écriture de la Déclaration des droits des enfants.
Nous avions adoré le livre /Cd qui vient de recevoir le coup de cœur de l’Académie Charles Cros, et que dire du spectacle !
Des très bons comédiens et de formidables chanteurs aux voix superbes, pour dire et jouer un texte absolument loufoque.
Il s’agit d’une famille d’ogres qui est un peu au chômage ,car dans leur restaurant ils servent des enfants pas sages. Mais, le nouveau directeur de l’école a changé la donne et les enfants sont devenus sages.
Les ogres sont au désespoir jusqu’à l’arrivée inopinée d’une fillette pas très sage, qu’ils décident d’engraisser pour la cuisiner ensuite.
Mais… elle a plus d’un tour dans son sac, les aide, et peu à peu s’établit un lieu d’amitié, jusqu’à changer le menu du restaurant qui devient végétarien !
Un spectacle à partager en famille, à partir de 5 ans, dans lequel, avec humour et intelligence, sont développés des thèmes fondamentaux : l’amour, le respect, la différence, l’ouverture aux autres.
A voir de toute urgence !
Mis en scène par Patrick Courtois
Avec Audrey G. Scott, Catherine Salamito, Fabrice Banderra et Nathan Hadjaje
Musique : Ben Wallace
Costume : Anna Maria Di Mambro
Production : Voyez-Moi-Ça
Qu’il est bon de se trouver dans l’intimité de cette yourte toute en transparence !
Car les deux artistes nous promènent dans un monde d’images dessinées, de théâtre d’ombres, de sons…
Avec leur belle présence scénique, on ira de forêt en grotte, à la rencontre des loups, des chouettes, à travers des méandres de l’imaginaire, tout en cherchant l’oiseau perdu dont elles veulent apprendre le langage.
Leurs jeux vocaux, qu’ils soient parlés ou chantés, sont très justes.
Et les projections en direct, sur les parois, ont un effet magique.
Voir les visages des enfants éblouis ajoute encore de la magie à ce spectacle d’une rare poésie et douceur.
Un véritable moment de bonheur.
Conception, écriture et jeu : Awena Burgess et Marie Girardin
Direction de jeu : Sylvain Blanchard
Regard dramaturgique : Camille Trouvé
Scénographie : Brice Berthoud assisté de Lune Dominguez
Image et ombre : Jonas Coutancier, Marie Girardin et Amélie Madeline
Musique et chant : Awena Burgess et Daniel Mizrahi
Accessoires sonores : Benoît Poulain
Costumes : Séverine Thiébault
Lumière : Louis De Pasquale
Construction du nid : Thomas Longhi et Pierre Pinson de Cahute
Création textile et accessoires : Lune Dominguez assistée de Jade Bourdeaux, Paula Fréson, Mathilde Nourrisson et Marta Perreira
Ce spectacle est basé sur l’œuvre La boîte à joujoux de Claude Debussy, qui est au départ un ballet pour enfants.
Composée pour piano seul, elle est dédiée à Chouchou, la fille du compositeur.
L’ensemble None transforme cette boîte à joujoux en un très joli spectacle.
La mise en scène, simple et efficace, nous montre un unique personnage central, Chouchou, avec sa boîte. Sa robe, ample, sert de cachette à des marionnettes, et Chouchou se transforme, par moments, en castelet.
C’est une idée fort astucieuse, que les enfants adorent, car on va de surprise en surprise.
On a l’impression que les marionnettes sont des êtres vivants, car en aucun moment on ne soupçonne le marionnettiste caché derrière le personnage.
Et nous suivons l’histoire de Polichinelle, le soldat et la poupée, mélange de poésie et drôlerie.
Chouchou est entourée de quatre clarinettistes, qui jouent des différentes clarinettes de la famille, dans une très belle transcription, qui ne dénature pas l’oeuvre, bien au contraire, ce qui est un exercice bien difficile.
Le public nombreux, composé de beaucoup de jeunes enfants, a montré une très belle écoute.
Une très belle initiative de cet ensemble pour initier les enfants au monde de la musique.
DISTRIBUTION
Interprétation théâtrale : Yoanna Marilleaud
Marionnettes : Alexandre Schreiber
Clarinette piccolo : Magali Parmentier / Arthur Bolorinos (en alternance)
Clarinette Sib : Arthur Bolorinos / Annelise Clément (en alternance)
Cor de basset : Frédéric Sueur / Annelise Clément (en alternance)
Clarinette basse : Bogdan Sydorenko / Annelise Clément (en alternance)
Musique : Claude Debussy / arrangement Philippe Leloup
Texte et mise en scène : Marine Garcia Garnier
Création lumière : Stéphanie Houssard
Jusqu’au 17 novembre à l’espace Paris-Plaine, Paris 15ème
et le 17 octobre 2025 au Festival International des marionnettes de Belfort
Les enfants d’Izieu, spectacle musical de Lionel Belmondo.
Le festival Jazz’n’klezmer s’est ouvert avec ce beau spectacle, qui est aussi un devoir de mémoire.
Il y a d’abord le texte de Rolande Causse, édité par les éditions D’eux et que nous avons chroniqué dans le numéro antérieur. Le musicien Lionel Belmondo s’en empare pour créer un spectacle musical beau et poignant.
Malgré le sujet si douloureux, car il s’agit des enfants raflés par la Gestapo et tués dans les camps, le spectacle réussit à garder un climat de douceur et de poésie.
Le texte est dit avec sobriété et élégance par Pascale Blaison, il alterne avec des moments musicaux joués par un piano, un trio à cordes assez surprenant (un alto et deux violoncelles) ainsi que des vents (basson, saxos, clarinette et flûte).
Le tout accompagné in live par la projection des dessins au fusain et au crayon de Gilles Rapaport, ainsi que des photos et des dessins d’enfants.
Dans ces temps difficiles, la musique et les arts en général peuvent œuvrer pour un apaisement, pour rendre la vie plus belle, et nous permettre de ne jamais oublier.
Pendant le spectacle, un silence ému et dense faisait écho à ces propos littéraires, musicaux et picturaux. A la fin, je n’avais pas envie d’applaudir, pour ne pas rompre ce moment suspendu.
Lionel Belmondo : Saxophone soprano, ténor, flûte et clarinette. Composition et orchestration.
Laurent Fickelson : Composition et Piano.
Cécile Hardouin : Basson.
Claire-Lise Demettre : Violoncelle.
Cynthia Perrin : Alto.
Grégoire Korniluk : Violoncelle.
Rolande Causse-Gibel : texte
Pascale Blaison : comédienne
Gilles Rapaport : dessins
François-Marie Pons réalisation du film sur le spectacle
Il est possible de trouver beaucoup de documentation sur le site
SONORE BORÉALE
Sylvain Lemêtre – Ensemble Cairn,
théâtre musical à partir de 6 ans
Le théâtre Dunois fait sa rentrée avec le premier concert du cycle de sept, qui composent la série EVO, ou pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance d’y assister, « Etonnez vos oreilles »
Cette programmation est à sa cinquième année, et il est vrai que nos oreilles sont souvent étonnées.
C’est ce qui s’est passé cet après-midi à l’écoute du percussionniste Sylvain Lemêtre qui, assis derrière une table jonchée de merveilles, nous a offert un magnifique récital de sons quelquefois drôles, d’autres fois envoûtants.
A partir des textes d’Olivier Mellano issus de « La Funghimiracolette » (Editions MF), il nous a régalés de sa technicité débordante, faisant des polyrythmies époustouflantes à lui tout seul, apportant des objets curieux, et même faisant chanter le public dans une langue totalement inconnue.
Chacun des sept concerts du cycle Étonnez vos oreilles s’accompagne d’un atelier de découverte avec les artistes ce qui permet de mieux comprendre la démarche de chacun d’entre eux.