Kafka et la poupée voyageuse,
une création de la compagnie L’Oreille à Plumes
Nous avons assisté au MAHJ à la création de ce magnifique spectacle, produit à la demande du musée pour la semaine en hommage à Kafka.
Et nous sommes éblouis. Eblouis par la scénographie, la simplicité des décors, qui avec très peu de moyens et une imagination débordante, nous font voyager.
Eblouis par le jeu des acteurs. Faire le rôle d’une petite fille est pour un adulte un exercice périlleux, duquel Cindy Bossant s’en sort à merveille. Elle joue avec naturel, sans essayer d’imiter un enfant, ce qui est souvent redoutable, et son personnage est crédible et charmant.
Olivier Cherki, dans le rôle de Kafka, est particulièrement attachant. Il interprète aussi d’autres personnages, avec une parfaite maîtrise de son art.
Ce conte est inspiré d’une histoire vraie, qui a été racontée par Dora Diaman, la dernière compagne de Kafka.
Un jour Kafka entendit dans un parc un enfant pleurer car elle avait perdu sa poupée. Le lendemain, il est revenu avec une lettre pour la petite fille de la part de sa poupée. Et ainsi, tous les jours, il revenait racontant les aventures de la poupée qui était partie en voyage. La correspondance prit fin à la mort de l’écrivain.
Sonia Jacob, la directrice artistique de la compagnie, s’est approprié cette histoire pour en rédiger une sortie de son imagination. De toute façon, on n’a aucune trace de ce que Kafka a écrit. Donc, elle fait voyager la poupée dans des lieux incongrus, dans des pays lointains.
Nous suivons le couple petite fille, Kafka, dans des magnifiques pérégrinations.
L’unique élément de décor est un château construit avec des boîtes en carton, de toutes tailles et formes, un château brinquebalant qui se transforme, tout au long de l’histoire, selon les besoins. Tel un jeu de construction, les éléments changent de forme, de fonction, deviennent une gondole à Venise, un guichet d’immigration aux Etats-Unis, des arbres entrelacés sous lesquels il faut ramper dans la forêt, et ainsi de suite.
Peu à peu se construit une amitié, une connivence entre les personnages, jusqu’à ce qu’à la fin la petite fille, qui a mûri, vienne avec une lettre en forme de cœur, qu’elle a reçue de la poupée.
Et elle incite Kafka à partir pour se faire soigner de sa maladie.
Déjà dans la rue, en séchant une petite larme, je me disais qu’il n’y a pas besoin de gros moyens pour faire une œuvre de qualité.
La preuve. Quelques cartons et beaucoup d’imagination ont suffi.
Avec Cindy Bossant et Olivier Cherki
Ecriture et mise en scène : Sonia Jacob
Prochaine date : dimanche 13 octobre à 16h au Musée d'Art et d'Histoire du JudaÏsme.
In this house,
récit musical, à partir de 10 ans.
image : Emmanuel-Pierrot-web-scaled
Dans le dernier spectacle de la saison EVO (étonnez vos oreilles) organisée par le théâtre Dunois, la percussionniste et chanteuse Linda Edsjö nous fait pénétrer dans l’intérieur d’une maison abandonnée.
Peu à peu des tiroirs s’ouvrent, des objets apparaissent, des voix dans une vieille radio racontent.
Tout est prétexte à des recherches sonores : le tapis que l’on brosse, les clés à molette qui deviennent métallophones, des vieilles tuiles récupérées dans le toit font un superbe « tuilophone ».
Des sons en temps réel et des sons électroacoustiques se mélangent.
L’artiste chante, parle, mélange sa voix aux sons, passant du français au danois, et quelquefois à l’anglais.
C’est un comme un voyage dans le temps, avec des allers-retours entre les souvenirs et l’actualité.
Les très beaux jeux de lumières transforment la maison, tantôt lumineuse, tantôt mystérieuse.
Une belle réalisation qui tient son public en haleine.
De et par :
Linda Edsjö, percussionniste
Scénographie Anna Edsjö
Collaboration artistique Wilfried Wendling
Archipel(s),
opéra-comique d’Isabelle Aboulker, livret d’Adrien Borne.
Par la Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique
Isabelle Aboulker signe, encore une fois, une belle partition pour voix d’enfants, domaine dans lequel elle est toujours passée maître.
Elle est le fruit d’une commande faite par l’Opéra-Comique pour la Maîtrise populaire, ensemble constitué de 85 élèves âgés entre 7 et 23 ans.
Le travail qui se fait dans cette maîtrise est fort intéressant, car il est complet. Et le résultat est un très bel opéra, interprété de façon parfaite par des maîtrisiens qui parlent, chantent, dansent, bougent, avec une totale aisance et professionnalisme.
Pour en arriver là, tout un travail en équipe a été fait. Tout d’abord, l’élaboration du texte, car il n’est pas l’adaptation d’un conte, mais le fruit de discussions conduites par son auteur, le romancier et journaliste Adrien Borne. Il a rencontré les maîtrisiens, par petits groupes, pendant quatre mois, pour construire un texte qui parle de leurs préoccupations.
James Bonas, le metteur en scène a aussi participé activement au travail d’élaboration, imaginant les scènes, veillant aux longueurs, faisant part de son expérience.
Isabelle Aboulker a assisté à ce travail et s’en est inspirée pour écrire une musique lumineuse, qui met en valeur la musicalité du texte, avec une connaissance parfaite de la tessiture des voix pour lesquelles elle écrit.
L’aboutissement est éblouissant. Les jeunes, très bien encadrés par toute l’équipe (le metteur en scène, James Bonas, le chorégraphe Ewan Jones, le chef d’orchestre Mathieu Romano, ainsi que l’orchestre des Frivolités Parisiennes), ont offert un spectacle d’une grande qualité, rehaussé par un très beau travail de lumières et de magnifiques décors et costumes.
Il faut signaler que le sujet n’est pas facile, car il parle des problèmes de l’adolescence, de départs, d’exil… La proposition de départ a été donnée par un élève de sixième : « Imaginons une île peuplée d’enfants qui n’ont pas de prénoms et qui disparaissent au seuil de l’âge adulte ».
Et malgré ce que l’on pourrait imaginer, c’est un spectacle qui, tout en faisant réfléchir et sans apporter des réponses toutes faites, est joyeux, poétique et donne envie de revenir le voir.
Il s’adresse aux adultes autant qu’aux adolescentes, tant son propos est profond et actuel.
Une véritable réussite !
Direction musicale : Mathieu Romano
Directrice artistique de la maîtrise populaire : Sarah Koné
Mise en scène : James Bonas
Chorégraphie : Ewan Jones
Décors et costumes : Thibault Vancraenenbroeck
Lumières : Laïs Foulc
Orchestre : Les Frivolités Parisiennes
Sur le site de l’Opéra-Comique il est possible d’écouter des entretiens avec plusieurs personnes qui ont travaillé dans ce projet, et un court extrait.
À quoi rêvent les méduses,
Compagnie En attendant
Spectacle tout public à partir de 2 ans
Chut, il faut rentrer tout doucement, pour ne pas réveiller le monsieur qui dort, nous explique-t-on dans le hall du théâtre.
Et le public, composé en majorité de tout-petits, suit la consigne et s’installe en silence.
Effectivement, un homme dort sur une grande feuille de papier blanc. Il bouge, il se lève, mais est-il réveillé ou rêve-t-il ?
Peu à peu il explore le tapis de feuilles sur lequel il est couché. Il s’y cache, d’autres formes et couleurs apparaissent, le tout sans mots.
De temps en temps un texte est récité, loin, doucement, comme en rêve.
Les enfants regardent attentivement les évènements, ils rient par moments, questionnent de temps en temps les parents.
Nous suivons toutes les explorations, éblouis, jusqu’à l’apparition d’une méduse, sous laquelle il se cache, avec laquelle il joue.
C’est un monde de douceur, l’histoire pourrait continuer encore.
C’est-ce qui réclament certains petits. Qui une fois le spectacle fini, refusent de partir et vont aller vers le danseur, vers les décors, dans un douce au revoir.
Mise en scène: Jean-Philippe Naas
Images et texte: Mélanie Rutten
Avec: Vincent Curdy ou Sam Watts
Scénographie: Mathias Baudry
Lumières: Nathalie Perrier
Costumes: Mariane Delayre
Musique: Julie Rey
Coproduction la Passerelle - Rixheim, MA scène nationale – Pays de Montbéliard, L’arc scène nationale - Le Creusot
Accueil en résidence compagnie ACTA/Pépite - Villiers-le-Bel, la Minoterie - Dijon, l'Écrin - Talant
la compagnie est conventionnée par la Ville de Dijon, le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et soutenue la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, le Conseil départemental de la Côte d'Or.
Au théâtre Dunois, jusqu’au 18 mai
Monstres à tue-tête,
Alain Schneider
Le chanteur Alain Schneider poursuit ses spectacles pour les enfants, toujours beaux et de qualité.
Cette fois il s’adresse aux plus petits, quoique les plus grands puissent aussi trouver leur compte.
C’est une histoire de monstres, qui devraient nous faire peur, mais…même pas peur, disait un petit assis à côté de moi.
Avec dynamisme et en emphase avec les enfants, il propose des chouettes chansons, s’accompagnant comme toujours à la guitare, avec son complice, le formidable percussionniste Cyril Dompnier qui joue de plusieurs percussions et même fait des claquettes.
Les deux artistes montrent une grande connivence pour nous faire croire à cette histoire de monstres, à laquelle adhèrent petits et grands.
À partir de 3 ans.
Alain Schneider : chant, guitare et clavier
Cyril Dompnier : voix, percussions, cajon, washboard
Marinette Maignan: mise en scène
James Angot: création lumières
Philippe Cailleaux ou Sylvain Beziat: régie son
Cédric Boivert - Ccb Audiovisuel: captation et montage vidéo
Emociones,
Yaida Jardines Ochoa
images ©corinnejamet
Dans une salle du Sunside remplie, nous avons assisté à un concert d’anthologie.
C’était à l’occasion du lancement du CD Emociones, que Yaida Jardines Ochoa nous a offert un moment d’une rare beauté.
Beauté des chansons, qu’elle interprète avec sa voix chaude, expressive, aux teintes variées, mais aussi de son interprétation scénique. Yaida sait conquérir le public grâce à son charme, sa sympathie, sa spontanéité et son professionnalisme.
Elle sait saisir dans le vif l’état du public, pour interagir avec charme et empathie.
Dans un répertoire de chansons cubaines, françaises et de son cru, elle nous a charmés à chaque fois. Son jeu scénique intègre les musiciens, formidables, dans des duos, trios et tuttis, toujours d’une grande qualité.
Le titre Emociones c’est exactement ce qui correspond à ce concert rempli d’émotion. Le public ne s’est pas trompé, qui l’a réclamée une et autres fois. Nous serions restés jusqu’au bout de la nuit…mais la programmation ne nous l’a pas permis !
Et puis, par La SoupeCie
spectacle de marionnettes à partir de 4 ans
A partir du magnifique album du même titre d’Icinori, (malheureusement épuisé), dont les artistes sont tombés sous le charme, ils ont créé un spectacle qui nous a éblouis.
C’est un paysage luxuriant qui se transforme au fur et à mesure du passage des saisons.
Le décor est composé de panneaux qui coulissent, vont, viennent, se couchent, sont des paravents pour faire émerger des marionnettes ou des écrans de projection. C’est une sorte de pop-up géant.
Sans un mot, les comediens-marionnetistes évoluent, avec une grande aisance, amenant sans cesse des surprises. Des lumières, des personnages souvent étranges, sublimés par une musique discrète et efficace.
Et les spectateurs, petits et grands, nous sommes laissés prendre à ce jeu incessant de transformations, de surprises, créant chacun notre propre histoire.
Un spectacle féerique, d’une grande poésie.
Lors de notre venue, il y avait des enfants et adolescents porteurs de handicap, dans le cadre du dispositif Relax, en partenariat avec l'association Culture Relax.
(Voir à ce sujet notre
notre
interview avec Christophe Laluque et Candice Feger, dans le numéro 5 de cette revue).
Ils ont été pareillement passionnés.
Mise en scène Eric Domenicone
Yseult Welschinger, Faustine Lancel, Alice Blot interprétation (en alternance)
Antoine Arlot, Pierre Boespflug création musicale
Prochains spectacles:
Jusqu’au 14 février, au Théâtre Dunois, Paris 13
21 février, avec musiciens sur scène au Théâtre de la Coupole – Saint-Louis (68)
6 mars, CIR Ca /Pôle national cirque - Auch (32)
8 et 9 mars, avec musiciens sur scène à l’Opéra National de Bordeaux (33)
12 au 16 mars, au Festival La Tête dans les Nuages / Scène Nationale d'Angoulême (16)
21 et 22 mars, Le Trident / Scène National de Cherbourg (50)
26 mars, Le Sillon – Petit Couronne (76)
3 au 5 avril, Le Carré /Scène Nationale de Château-Gontier (53)
16 avril, Espace culturel Beaumarchais – Maromme (76)
18 avril, Centre culturel Juliobona – Lillebonne (76)
16 mai, La Méridienne – Lunéville (54)
Spirales, Julie Nioche
©Photo Yaniv Cohen
En 2019, la danseuse et chorégraphe Mia Habib, basée à Oslo, a imaginé une partition pour communautés et solos, qu’elle a envoyée à six danseurs de différents pays. Chacun a travaillé de façon autonome avec un groupe et développé un solo.
C’est un de ces solos, celui de la chorégraphe et danseuse Julie Nioche, auquel nous avons assisté. Elle l’a créé après avoir travaillé pendant un an, dans des écoles, auprès d’enfants avec des troubles mentaux divers, ou dans des situations de grande précarité.
Dans l’escalier qui mène à la salle, ainsi que dans celle-ci, des photos du travail des autres artistes nous invitent à nous y plonger.
Ensuite, assis sur des coussins tout autour de la salle, nous sommes pris dans cette histoire qui est racontée par petits bouts.
La danseuse, debout dans un cercle de ficelles (des tricotins) colorées, crée des liens avec les spectateurs, un bout de ficelle attaché à une partie de son corps et l’autre tenu par un spectateur. Spectateur qui représente un des enfants avec lesquels elle a travaillé en amont.
Une fois toutes les ficelles distribuées, les spectateurs sont invités à se lever et à bouger avec elles, créant une énorme toile colorée dans l’espace, qu’ils doivent ensuite défaire pour revenir à leurs places en laissant par terre les tricotins qui forment comme une étoile.
Ensuite l’artiste propose, dans un mouvement de spirale qui ne s’arrête jamais, d’une grande lenteur, un jeu avec les tricotins qui vont se transformer, bouger, la couvrir, devenir formes inspirantes, au gré de l’imaginaire de chacun. Une danse silencieuse, accompagnée par moments de la musique subtile de Pauline Weidmann,
Fascinant!
Le spectacle était aussi traduit en langue des signes française par Anne Chevalme.
Pleine Lune, Cie La Balbutie
Spectacle musical à partir de 7 ans
Spectacle naturellement accessible aux personnes déficientes visuelles
Photos: Didier Rochut, Luciano Gallo
Dans cette société dans laquelle le visuel est toujours au premier plan, la compagnie La Balbutie nous propose une expérience qui nous change du quotidien.
Avant d’entrer dans la salle le spectateur doit se bander les yeux et il est conduit à sa place par des personnes attentives. Bien que l’on sache qu’il ne peut rien nous arriver, il faut un petit moment pour se laisser aller, pour faire confiance.
Une fois assis, on écoute, tout simplement. Une écoute qui change de celle habituelle, car nous n’avons aucun de nos repères.
Des sons bougent dans l’espace. Même si silencieux, nous sentons les présences des autres spectateurs, et peu à peu nous nous laissons envahir par les sensations et les émotions.
Petit à petit des sons deviennent plus nombreux, un anklung par ici, un guiro par-là, jusqu’au moment où on dépose un instrument dans mes mains, c’est un octoblock.
Et nous faisons tous de la musique…
A un moment mon bandeau est enlevé et je vois les autres spectateurs, aussi ébahis que moi, ravis d’avoir un instrument et d’y jouer.
Et enfin, nous nous levons et marchons, un peu comme dans un nuage… Il m’a fallu un bon moment de marche dans la rue pour me rendre compte qu’il me manquait quelque chose…
Et bien, mes lunettes !
Nicolas Perrin musique électronique live
Juliette Plihon voix
Laurine Rochut violon
Le site de la compagnie: labalbutie
Dates à venir: Pleine Lune
MJC Cyrano à Gif-sur-Yvette (91)
160 avenue du Gal Leclerc 91190 Gif-sur-Yvette
vendredi 19 janvier 2024 à 10h et 14h30
Salle Delfino au Pecq (78) – programmation HLM
3 bis avenue du Paster Martin Luther King 78230 Le Pecq
samedi 3 février 2024 à 11h et 17h
Fille ou garçon,
Marion Rouxin
Spectacle musical tout public
à partir de 5 ans
Images: crédit - Kristinn et Gérard Gauthier
Ce spectacle musical pose la question du genre : qu’est-ce qu’être une fille ou un garçon.
Déclinés avec beaucoup de doigté et d’intelligence, les textes des chansons parlent d’identité, de tolérance, d’amour, de la difficulté de grandir, de se transformer.
Ils sont souvent drôles, décalés, et en aucun cas moralisateurs. Il ne s’agit pas de dire ce qu’il faut penser, mais de proposer des clés pour la réflexion.
Les deux artistes interprètent les chansons, chantent, jouent, dans un éblouissant tour de force.
Des superbes percussions corporelles laissent le public bouche bée.
Le tout est joyeux, et que l’on soit enfant ou adulte on ne s’ennuie jamais, tant la vivacité, la complicité des deux interprètes sont fortes.
Le spectacle se décline aussi en livre/CD, qui propose aussi des ateliers philosophiques.
Nous en parlons dans la rubrique Livres - CD.
Avec
Marion Rouxin parole, musique, chant, interprétation
Eric Doria accompagnement, guitare, chant, percussions corporelles, interprétation
Akam création lumière
Alexandra Vincens scénographie
Anna Le Reun costumes
François Le Pallec son
Le spectacle continue en province en octobre, novembre, décembre…
Pour plus de détails, allez sur le site marion-rouxin-fille-ou-garcon
A l’issue du spectacle nous avons rencontré Marion Rouxin. Voici l’entretien:
Rêves de pierres
conte musical à partir de 3 ans,
par la Compagnie "La tortue
images: rdp_basiletrouillet
Sur la scène du théâtre le rideau est tiré, il ne reste qu’un petit espace par lequel petits et grands allons marcher à quatre pattes pour arriver dans un lieu magique.
Une sorte de grand chapiteau, avec pas grande chose si ce n’est la chanteuse qui joue de sa kora.
Son partenaire travaille les matières, il prend des morceaux de tissu que le public doit tortiller et qui finissent comme une sorte de sculpture.
Un énorme rouleau de grosse ficelle se déploie peu à peu partout, sorte d’énorme toile d’araignée au-dessus de nos têtes.
Des formes pendouillent de ces fils, et pendant ce temps de construction la musicienne joue et chante, accompagnée souvent par notre « sculpteur ». Il y a des duos parfaits à l’unisson, mais aussi des superpositions de chanter- parler, magnifiques.
Nous, petits et grands, sommes à chaque fois surpris par tous ces évènements, qui se produisent d’une façon étonnante, et qui transforment cet espace où au départ il n’y avait rien, dans une sorte de caverne d’Ali Baba, ou de maison du facteur Cheval.
C’est beau et étonnant!
Delphine Noly: idée originale, composition musicale à la Kora, chant, interprétation
Xavier Clion: interprétation, manipulation
Anne Marcel: scénographie des sculptures
Simon Chapellas: scénographie de la structure, création lumière
Frank Oettgen, Chloé Bucas: construction, réalisation de la structure
Alice Huc: régie plateau et lumière
Lauranne Quentric: illustration
Production Cie La Tortue
Jusqu’au 14 octobre 2023 au théâtre Dunois
1 et 2 décembre à 10h et 15h à la Grange d’Ecouen (95)
24 au 28 avril – Rêve d’air et Rêve de Pierres – Train Théâtre Scène conventionnée de Porte les Valence (26)
15 au 17 mai – Rêve d’air et Rêve de Pierres – Le Carré Scène Nationale de Chateau Gontier
Mon Bel Oranger
spectacle de théâtre et musique à partir de 9 ans, d’après le texte de José Mauro de Vasconcelos,
par l’Amin Théâtre et l’ensemble Almaviva
Comment rendre compte d’un moment de tant de poésie et d’émotion ?
C’est l’histoire d’un petit garçon qui vit dans une famille très pauvre et qui passe ses journées dans la rue, avec son lot de violence, mais aussi de rencontres heureuses.
Nous le verrons évoluer grâce à l’affection qui lui porte le portugais, un adulte bienveillant. Il y a aussi cette merveilleuse amitié entre l’enfant et son arbre, un petit oranger aussi vieux que lui.
L’histoire apporte aussi son lot de tristesse et de drame : l’arbre va être coupé, le portugais meurt dans un accident de voiture.
La mise en scène minimaliste est efficace et réussit à donner une grande intensité de sentiments.
Les deux acteurs masculins interprètent plusieurs rôles, passant de l’un à l’autre avec une grande aisance, sans que ces changements déroutent les spectateurs, bien au contraire.
La musique entremêle, avec beaucoup de bonheur, une écriture contemporaine et des chansons traditionnelles brésiliennes.
Elle est interprétée par deux magnifiques musiciens, au violoncelle et aux guitares.
La chanteuse, à la voix et à la présence douce, chante en portugais, choix qui a été fait pour pouvoir conserver la sonorité de la langue. Et c’est un beau parti-pris, qui permet à l’auditeur qui ne comprend pas la langue, de faire voguer son imagination.
Les trois tôles qui composent le décor, servent quelquefois comme écran à des lumières fugitives, et sont utilisées par les trois musiciens comme de formidables instruments de percussion, moment d’une grande intensité dramatique.
Et que dire du dialogue de l’enfant et de l’arbre, arbre qui n’existe pas matériellement et que pourtant on voit, avec nos yeux de l’imagination.
Nous finirons avec la phrase qui conclut le spectacle. « Sans tendresse, la vie n’est pas grande chose ».
Avec
Mise en scène: Christophe Laluque
Composition et direction musicale: Ezequiel Spucches
Interprétation: Mathieu Desfemmes, Robin Francier
Chant: Christine Audat
Violoncelle: Johanne Mathaly
Guitare et guitare électrique: Rémy Reber
Au théâtre Dunois, jusqu’au 30 septembre Site: theatredunois
A l’issue du spectacle nous avons rencontré Ezequiel Spucches, qui a composé la musique et assure la direction musicale et Christophe Laluque, metteur en scène et directeur du théâtre Dunois.
Voici l’enregistrement de l’entretien.
Petite chouette, par le chœur d’éveil du Créa.
Direction artistique et livret : Sandrine Baudey,
d’après les improvisations des enfants
Piano : Thibault Frasnier
Costumes : Isabelle Pasquier
Lumières : Alexandre Galiacy
Images: (c) Claude Bajonco
Nous avons assisté à une répétition (voir expériences pédagogiques) et étions enchantées, d’une part par la pédagogie de Sandrine Baudey et d’autre part par la fraîcheur, le sérieux, la concentration des enfants.
Voir la réalisation finale a été un pur bonheur. Car on est loin du « spectacle pour enfants ».
C’est un spectacle dans le vrai sens du terme, dans lequel les enfants s’investissent complètement, aidés par une logistique à la hauteur.
Que ce soit la mise en scène, les costumes, tout contribue à la réussite de cette tendre histoire de petite chouette qui en a marre de porter des lunettes !
Les enfants bougent avec aisance et chantent avec beaucoup d’entrain, mais aussi avec une grande qualité vocale. On voit le travail qui se fait au long des années.
Le pianiste fait plus qu’accompagner. Il épouse l’histoire, la fait sienne.
Cela fait plaisir de voir de jeunes enfants (entre 6 et 8 ans) être capables d’une telle autonomie pour arriver à une si belle réalisation.
Des beaux costumes, simples et agréables, et une scène finale dans laquelle ils s’allument. Féérique !
Bravo à la cheffe de chœur d’avoir su prendre en compte les idées des enfants, pour imaginer une si belle création.
Sage comme singe
conte musical de Serena Fisseau
Images: (c) T Bailly
Pour fêter la sortie de leur CD, les trois artistes ont convié le public un dimanche d’avril dans une jolie salle parisienne.
Public qui était composé d’une grande quantité d’enfants, extrêmement attentifs et participatifs.
Trois amies vont se promener dans une brocante. Elles trouvent toutes sortes d’objets, ce qui sert de prétexte à jouer des jolies musiques.
Elles finissent par trouver trois singes en bois… Celui qui se cache les yeux, celui qui se bouche les oreilles, celui qui s'empêche de parler. Est-ce la clé de la sagesse ?
Autour de ce sujet léger et philosophique, les artistes jouent avec leurs voix, des belles percussions corporelles, s’accompagnent de petites percussions et du violoncelle (trouvé dans la brocante).
Ecouter ces musiques est un vrai régal. Vocalement, que ce soit à une, deux ou trois voix, l’équilibre est parfait, les voix s’interpénètrent dévoilant des très beaux timbres et une grande musicalité.
Et qui dire du violoncelle de Johanne Mathaly ! Un timbre chaud, une grande créativité, cette artiste nous ravit toujours, que ce soit avec du Bach, de la musique contemporaine, ou jonglant avec les modes de jeu divers.
Les musiciennes ont aussi une belle qualité en tant que comédiennes, évoluant avec une grande aisance corporelle. Elles savent créer des ambiances joyeuses, ainsi que des moments d’une grande douceur et tendresse.
Et nous partons en nous posant la question : ne pas voir le mal, ne pas l'entendre, ne pas le dire, est-ce que la sagesse se limite à cela ? Il ne faudrait pas aussi voir et entendre ce qui se passe autour de nous pour pouvoir dénoncer les injustices ?
De Serena Fisseau
Avec
Serena Fisseau, Johanne Mathaly et Hélène Argo
Mise en scène: Olivier Prou
Lumières : Nicolas Dalban-Moreynas
Son : Alan Le Dem
Scénographie : Loïc Leroy
Production : Victorie Music
Avec le soutien du Théâtre et cinéma Jacques Prévert d'Aulnay-sous-Bois,
de la Palène à Rouillac, de l'Adami,
de la Sacem, DU CNM
lire notre entretien avec Serena Fisseau
Papy Stub, par Xavier Stubbe
Spectacle de chansons à partir de 4 ans
Une belle présence scénique, une voix chaude, de l’empathie et de la bonhomie. Voici comment se présente ce chanteur devant un public composé de petits, mais aussi de beaucoup d’adultes.Dans une mise en scène simple et efficace, il chante, joue, dialogue avec ses comparses, et fait participer le public, qui adhère à toutes les propositions au quart de tour..
Au guidon de sa moto, ou derrière d’énormes lunettes, les textes de ses chansons sont souvent drôles, mais peuvent aussi aborder des sujets sérieux. Il est à hauteur des enfants, mais les considère comme des êtres à part entière.Que ce soit l’émouvante chanson « Les migrants » moins libres que les hirondelles, sujet qui est traité avec beaucoup d’intelligence et sensibilité, en passant par des départs en vacances, pour aller à Trifouillis les oies, ou quand il touche le sujet du harcèlement dans la chanson « Il faut le dire aux gens », les textes sont variés ainsi que le traitement musical.Ne parlons pas des chansons dans lesquelles ils se fait le complice des enfants au sujet des multiples activités extrascolaires et encore plus quand il propose d’instituer une journée de la désobéissance. Les enfants adhèrent immédiatement avec un grand enthousiasme !
La musique, dynamique, dans des styles rock et même hip-hop, est jouée avec beaucoup d’entrain.
Xavier Stubbe : Paroles et musiques, chant, guitare.
Matthieu Hénault : drum-machine, chœurs.
Benoit Lavollée : vibraphone, claviers, chœurs.
Cédric Le Stunff : mis en scène.