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ENFANCE, CULTURE, MUSIQUE & PEDAGOGIE

Expériences pédagogiques et artistiques

Des enfants du Sessad de Trappes
immergés dans l’orchestre Pasdeloup

J’ai assisté au mois de juin à une répétition, dans les locaux de la Philharmonie de Paris. La particularité étant que l’orchestre recevait six enfants, d’âge primaire, qui venaient y assister.

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Ce sont des enfants avec des troubles psychiques, qui venaient du Sessad (Services d’Education et de Soins Spécialisés A Domicile)
Ils sont arrivés en retard, à cause des embouteillages, mais ils se sont intégrés rapidement, sans poser des problèmes.
Trois d’entre eux se sont insérés naturellement parmi les musiciens (des places libres y étaient destinées)

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d’autres se sont assis sur le côté, avec les adultes accompagnateurs.

Tous ont regardé et écouté avec beaucoup d’attention, l’un d’entre eux plutôt dans le bras d’une adulte.

Pendant la pause, certains musiciens sont restés dans la salle pour pouvoir leur montrer les instruments.

Ils montrent, faisant quelquefois sentir les vibrations, par exemple, et ils laissent jouer quand l’instrument le permet.

C’est surtout le cas pour le piano et bien sûr les percussions, dont l’orchestre était bien pourvu.
J’ai bien observé les attitudes des enfants, qui regardaient et jouaient tranquillement, sans que cela ne devienne un défouloir.

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On sentait que ce n’était pas la première fois qu’ils venaient, ce dont nous avons parlé ensuite avec les professionnelles.

Après la pause, on a repris l’écoute, les enfants changeant de place au gré de leurs désirs, mais toujours attentifs.

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Ensuite, à midi, nous sommes partis ensemble piqueniquer dans le parc de la Villette, où il y avait beaucoup d’enfants. J’étais étonnée du calme des « nôtres », qui mangeaient et ensuite jouaient paisiblement.

Est-ce que vous amenez souvent les enfants voir l’orchestre, et d’ailleurs comment vous est venue l’idée, que je trouve superbe.

- J’ai rencontré une musicienne qui travaille avec les enfants mais aussi avec des adultes handicapés moteur, et c’est grâce à elle que nous avons pu découvrir cette expérience, et depuis une dizaine d’années on amène les enfants trois ou quatre fois par an.

Ce sont toujours les mêmes enfants, ou vous faites une rotation ?

- C’est toujours le même groupe car ça demande un apprivoisement. Pour pouvoir apprécier il faut vraiment connaître. Il y a certains enfants qui vont réagir de manière directe, ça résonne, ils vibrent avec la musique. Pour d’autres il faut un temps plus long.

Et pour le groupe d’aujourd’hui ?

- Dans ce groupe il y a des enfants qui viennent pour la deuxième année.

Quelles sont vos motivations ?

- Ce n’est pas simplement une sortie occupationnelle, nous essayons de faire un travail en amont et bien sûr le prolongeons ensuite. On essaie de faire des liens, leur montrer des instruments avant d’aller à l’orchestre, un vrai travail d’écoute, et ils apprécient.

C’est certain. Je regardais, il y avait un enfant qui suivait le rythme, avec une pulsation parfaite. Un autre était assis derrière le chef et imitait parfaitement les gestes, avec une grande musicalité. On sentait que ce n’était pas la première fois.

- Justement, pour cet enfant, c’est la première fois qu’il réagit. Avant il mettait sa capuche et il dormait. On était impressionnées de le voir aussi à l’écoute. Comme quoi, il ne faut pas se décourager. Il faut laisser le temps.

Est-ce qu’ils reparlent ensuite ?

- Oui, ils peuvent en reparler. Il y a un enfant qui s’intéresse beaucoup aux partitions. Il veut comprendre. En plus, il voit les musiciens qui les suivent, donc il voudrait faire comme eux.

Peut-être ça l’amènera à avoir un autre regard sur le lien entre l’écriture et la lecture.

- Ce que l’on peut remarquer est que certains enfants qui ont des troubles psychiques plus importants arrivent quelquefois à comprendre plus facilement que d’autres avec des troubles moins importants.

C’est intéressant, et vous avez une explication ?

- Je pense que ça dépend de beaucoup de choses, les choses s’aménagent très différemment selon le cadre qui leur est proposé. Ça dépend aussi de l’école, de la famille.

Avez-vous d’autres remarques ?

- Le fait que l’intérêt pour la musique soit partagé, que nous aimions la musique, est très important. C’est un travail en continuité, et c’est cela qui est intéressant. S’appuyer aussi sur des choses que l’on propose. Ils ont compris qu’ils peuvent s’inscrire dans un grand groupe, et c’est formidable.

J’ai aussi interrogé les enfants, mais ce sont des enfants qui ne parlaient pas beaucoup, sauf deux d’entre eux.
Qu’est-ce que tu as aimé?

J’ai aimé essayer les instruments.

Lesquels ?

Les instruments graves.

Que veux-tu dire par grave ?

Qui sonnent très fort.

Les percussions. Tu as tapé dans les grosses caisses, par exemple.
Raconte-moi que ’est-ce que tu as aimé le plus aujourd’hui ?

Le ton

Le ton, qu’est-ce que c’est ?

Je ne sais pas comment expliquer

Essaye

Le son…. le son de l’orchestre.

Est-ce qu’il y avait des sons que tu aimais plus que d’autres ?

Par exemple, les musiques graves.

Quand c’était très fort est-ce que tu aimais ?

Ouiiiii !!!!

Le fait d’être en totale immersion dans un orchestre, d’être entouré de sons, que l’on soit enfant ou adulte, est une expérience singulière, et qui ne peut que laisser des traces sensibles.

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Voir aussi notre entretien avec Marianne Rivière dans la rubrique rencontres


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Centre de création vocale et scénique d’Aulnay-sous-bois / 09-2023

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