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ENFANCE, CULTURE, MUSIQUE & PEDAGOGIE

Expériences pédagogiques


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Une experience autour des contes en Afrique.

Bonjour Christian Bourbon
Vous avez beaucoup voyagé en Afrique, missionné par une ONG, ce qui vous a permis de connaître quelques pays en profondeur et vous a incité à écrire des contes pour enfants.
Pouvez-vous nous en parler ?

J’avais toujours eu envie de partir à la découverte du continent africain. Aussi, quand l’occasion s’est présentée, je n’ai pas hésité. Une ONG parisienne, Planète Urgence proposait des missions de solidarité en Afrique de l’Ouest. Les artisans de Mopti au Mali souhaitaient une formation d’aide à la gestion. La mission devait durer deux semaines, le temps de se mettre au rythme de l’Afrique. Là-bas, le temps n’est pas le même qu’ici. En Europe, les gens pensent à la date de leur départ en retraite, en Afrique, les femmes pensent à ce qu’elles donneront à manger à leurs enfants à midi.

La synthèse de cette aventure me viendrait bien plus tard sous la forme de contes.

J’avais découvert un autre monde. Un monde où les valeurs familiales ont encore leur place et où l’échange est à la base de tout rapport humain.

Des dessins d’enfants du pays Dogon représentant des masques, allaient me conduire à l’écriture de contes dans un premier temps. Il faut dire que ces masques sont magiques. On dirait qu’ils me parlent.

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J’avais eu la chance de rencontrer Sophie. Après des études à l’Ecole des Beaux-Arts de Saint-Etienne, Sophie a développé une activité d’art floral. Elle a bien voulu illustrer mes premiers livres. Je lui avais demandé pour Wa de s’inspirer du Douanier Rousseau et pour Emi, de la nuit étoilée de Van Gogh.

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Ces histoires, Sophie ne les avait pas seulement illustrées. Elle avait mis des formes aux émotions. Des épices rapportées du Mali, elle en avait tiré les couleurs.

« Lorsque l’enfant ouvre le livre, au-delà des couleurs, les odeurs du pays doivent venir à lui. C’est là que commence l’essentiel : apprendre à ressentir » m’avait-elle dit.

Vous êtes intervenu dans des écoles en Afrique, en quoi consistait cette intervention ?

Mes missions étaient d’ordre environnemental ou de développement. En marge de ces missions j’intervenais dans les écoles de brousse pour lire des contes africains que j’écrivais et voir les réactions des enfants et de leur instituteur.

Les instituteurs étaient ravis de mes interventions. C’était chaque fois de longs moments d’échange sur nos modes de vie si différents.

Les enfants étaient très curieux. Ils me posaient des questions sur l’école de chez nous.

C’est quoi le petit-déjeuner d’un enfant en Afrique et en Occident ?

Il faut marcher combien de temps pour aller à l’école ?

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On peut voir dans ces deux images que je lis deux contes Nani et Do . Do est partie à la recherche de sa grand-mère Nani. Le Cameroun est bien loin de la falaise des Dogons au Mali. Les enfants me posent plein de questions sur Do. Oui, Do existe, c’est une petite fille qu’on retrouve dans plusieurs contes. Les masques représentent des animaux. Ils sont magiques.

Les enfants comprennent la magie. Janimi est surpris qu’un étranger comme moi soit sensible aux valeurs africaines.

Le vent m’a confié un message que seule la grand-mère de Lili pourra comprendre… Le village est construit sur un immense gisement d’or, mais chut ! C’est un secret.

Dans votre livre « Itinéraires » (Voir la chronique) vous racontez vos expériences dont une qui a lieu dans un parc naturel créé pour préserver la faune. Et vous dites vous avoir inspiré quelquefois de toutes ces expérience pour écrire les contes.
Racontez-nous

Le parc de la Bénoué se trouve au nord du Cameroun. J’avais eu l’occasion de découvrir le monde animiste. Toutes les choses végétales, animales ou minérales représentent une force qu’il convient de ressentir. Il suffit de m’ouvrir à la perception de ces forces pour que les contes me viennent naturellement.

Le massacre de 600 éléphants m’inspirera le conte de Wa le petit éléphant. Ce sera un conte qui évoque aussi le handicap d’Ana victime de la poliomyélite. On n’écrit pas de contes sur le handicap.

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Je suis au village de Doudja au parc de la Bénoué. Je suis avec l’instituteur Janmi et Lili une de ses élèves. Ils seront les prochains personnages d’un conte «  Adan et le buffle noir ».

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Vous avez fait aussi des interventions en France. Est-ce que la réception de vos contes par les enfants est différente de celle des enfants africains ?

J’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises d’intervenir dans des écoles primaires et de maternelles. Les réactions ont toujours été pleines d’intérêt.

Les enfants veulent des faits, des expériences. Comment je me déplace en brousse pour ne pas faire de bruit ?

Comment doit-on réagir si on est face à un lion, un éléphant, un hippopotame…Quels sont les signes avant-coureurs d’un danger ?

Au fond, les mêmes réactions d’un continent à l’autre. Tous les contes sont issus d’histoires vraies qui me sont arrivées. C’est ce qui passionne les enfants et leurs instituteurs.

Rencontre avec les élèves de l’école primaire de Tanguetta au Bénin. Ils m’accueillent en chantant « A la claire fontaine».
Le directeur de l’école qui est aussi menuisier à ses heures perdues, me fait visiter l’établissement.
Le vélo de Kessy, précédemment écrit au Burkina Faso, plaît aux élèves. Le vélo est très important dans ce pays.
Le voleur a été caché par Sophie, l’illustratrice, dans les dessins. Le conte sera repris en pièce de théâtre au Bénin, puis quelque temps plus tard en France à Firminy.

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Vous voulez diffuser vos livres aussi chez la diaspora africaine, qui cherche à retrouver ou à conserver ses racines. Ces contes sont aussi un pont entre les enfants de là-bas et ceux d’ici.

En Afrique, la colonisation a tracé des frontières sans tenir compte des populations. Il faut revenir aux ethnies pour comprendre les cultures et les traditions de chacun.

C'est ce que j'ai essayé d'entreprendre dans l'écriture de contes suite à mes missions avec l'ONG Planète Urgence. Les enfants d'Afrique retrouvent leurs racines dans des aventures proches de leur vécu. Les petits occidentaux découvrent d'autres mondes lointains et pourtant si proches d'eux…

Vous avez écrit aussi un conte sur Madagascar, où vous n’avez jamais été. Pourquoi ?

Pour le congrès mondial de la nature qui se tenait à Marseille en 2021, Planète Urgence m’avait demandé l’écriture d’un conte sur Madagascar et la protection de sa forêt de Tapia. Ce congrès réunit tous les quatre ans plusieurs milliers de dirigeants et de décideurs gouvernementaux.

J’avais trois mois pour écrire cette histoire alors que je ne connaissais pas ce pays.

Les enfants ont posé beaucoup de questions, dont celle récurrente,

"- Y a-t-il des tigres sur l’île ?"

Car un dessin animé, Madagascar, a créé la confusion dans la tête des enfants. Non, il n’y a pas des éléphants à Madagascar… Il convient de rétablir la vérité.

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Merci beaucoup Christian pour ce témoignage et surtout pour ces belles histoires.

Pour aller plus loin

Christian Bourbon a écrit de nombreuses histoires inspirées par son expérience et par ses rencontres avec les gens du pays.
Il a créé sa maison d’édition Bleu Azur, pour éditer ses ouvrages, et reverse une partie des gains à l’association Planète Urgence.

Voici la bibliographie.

• Le vélo de Kessy,
• Al et les hippopotames,
• Do et le vieil homme,
• Nani et Do,
• Le petit éléphant,
• Emi et les chasseurs,
• Naomi et la forêt des tapias,
• De Montreynaud à Tombouctou un soir d’été,
• Selif et la panthère noire : Sur la route de Sainté,
• Selif et la panthère noire : La naissance d’une légende

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Site : kanagableuazur


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